Je suis enseignante depuis 25 ans, spécialisée dans l’apprentissage de la lecture,
suite à 20 ans d’exercice avec des enfants de CP.
Depuis 4 ans, j’ai fait le choix de travailler en classe maternelle
pour essayer de faciliter l’entrée en lecture par le biais de la musique.
Même s’il est reconnu que la pratique de la musique est favorable à tous les
apprentissages dits fondamentaux, j’ai décidé de focaliser ma réflexion sur le
développement de l’écoute, de la discrimination phonémique  et sur le travail précoce du décodage.
Accompagnée de 2 chercheurs (Emmanuel Bigand et Barbara Tillmann) et de
Céline Choquet, Conseillère Pédagogique en Éducation Musicale et de Marion
Pineau-Girard, professeur de musique à l’INSPE, j’ai pu m’engager en 2021 dans
une classe expérimentale musique.
Cette énergie collaborative m’a incitée à réfléchir sur ma pratique.
Une idée m’est alors venue : avec le métallonotes de ma classe, il m’était facile de
créer une petite partition en couleur pour chaque enfant. Ainsi, chacun aurait une
mélodie composée d’un nombre de notes équivalent au nombre de syllabes
composant son prénom.
En décembre 2021, le réalisateur Jacques Mitsch est venu tourner quelques
séquences dans ma classe pour son film documentaire diffusé sur ARTE, les Super
pouvoirs de la musique.
Toute l’équipe enseignante et les éducateurs de l’école maternelle ont alors rejoint
ce projet, La symphonie des Prénoms.
Cette pratique, nommée ainsi pour faire écho au livre La Symphonie Neuronale de
Barbara Tillmann et d’Emmanuel BIGAND, a été récompensée tout récemment
par le CSEN (Conseil Scientifique de l’Éducation Nationale).
J’ai en effet été nommée lauréate de la 5ème édition du Concours Chercheurs en
Actes dans la catégorie « Égalité des chances ».
Son directeur, Stanislas Dehaene a souligné avoir apprécié « son adossement à la
recherche et à la démarche expérimentale proposée afin de contribuer à
l’amélioration des compétences des élèves. »
Portée par ce bel élan, et pour ouvrir le champ des possibles, j’ai maintenant
décidé de me lancer dans l’édition d’un site pédagogique. Une association, loi 1901 a été créée. 
C’est pour moi en effet
le meilleur moyen de donner au plus grand nombre d’enseignants et d’éducateurs
la possibilité d’utiliser facilement cette méthode.
Pour ce faire, je me suis entourée de personnes compétentes (développeur,
graphiste, ingénieur) qui prendront en charge ce site, son esthétique, sa
maintenance et surtout… la création d’une application qui permettra un outil « clé
en main » pour tout enseignant désireux d’essayer cette méthode, qu’il soit
musicien, ou non.
Il suffira alors de mettre les partitions à disposition des enfants à côté du
métallonotes en leur montrant la correspondance entre la couleur de la note et
celle des lames de ce fabuleux instrument dont l’atout majeur est que les lames
sont manipulables.
En attirant leur attention sur la présence de la clé de sol, nous leur indiquons où
commencer à jouer.
Où commencer à lire.
Puis, à prendre le temps. Prendre le temps d’écouter, de réécouter la résonance
de ces quelques notes et d’essayer d’en reproduire le son pour chanter, pour le
plaisir, son prénom ou celui de son copain.
Mon plus grand bonheur serait que des professionnels pensant à tort et depuis
trop longtemps que la musique est un domaine qui ne serait pas pour eux, entrent
eux aussi, à petits pas, dans ce monde, bien évidemment, accessible à tous.
Réduire les écarts scolaires en apportant du bien être et en prenant plaisir à
apprendre.
C’est bien là, le cœur de notre métier.
Frédérique Thiébault
